#IDE8 Une question de taille.
D'une petite exposition à la BNF aux ambitions du Louvre, passant par le musée d'art et d'histoire du Judaïsme ou encore la Bourse de Commerce, tout n'est pas question de taille.
Bonjour ! 👋🏻
Écrire l’intro est la partie que je préfère le moins dans la rédaction de billets d’exposition. Souvent, comme aujourd’hui, les expo présentées n’ont aucun lien, je n’ai aucun fil conducteur pour rendre la lecture plus intéressante. Mais il arrive qu’un sujet émerge après quelques instants de réflexion et comme aujourd’hui, cela touche aux ambitions des institutions muséales.
Les établissements culturels sont régis par la nécessité d’attirer toujours plus de visiteurs, de créer du contenu qui permet la fidélisation du public tout en garantissant le rendement et l’équilibre budgétaire. Le résultat ? Des expositions toujours de plus en plus ambitieuses, à l’instar du Louvre ou encore la Bourse de Commerce ou le musée d’Orsay. Ces méga-sites et méga-expositions peuvent se réaliser grâce à l’expertise des conservateurs mais j’ai parfois l’impression que la volonté de faire grand revient à faire trop. C’est ce que je conclus de ces quatre visites car finalement, l’exposition qui m’a le plus intéressée est la plus petite. De part la qualité de la sélection des œuvres, évidemment, mais également de part la justesse en terme de quantité d’œuvres présentées, ni trop peu, ni trop tout court.
Bref, c’est sur cette réflexion que je vous laisse consulter le sommaire en vous souhaitant une bonne lecture !
Sommaire 👇🏻
#Art contemporain « Avant l’orage », Bourse de Commerce – Collection Pinault, le 9 juin ;
#Gravure « Degas en noir et blanc », BNF Richelieu, le 13 juin ;
#Monographie #Histoire « Pierre Dac, le parti d’en rire », Musée d’art et d’histoire du Judaïsme, le 14 juin ;
#Renaissance #Peinture « Naples à Paris, le Louvre invite le musée Capodimente », musée du Louvre, le 16 juin.
« Avant l’orage », Bourse de Commerce – Collection Pinault, le 9 juin à 18h53, fin à 19h30.
C’est une exposition qui s’étend dans l’intégralité de l’espace de la Bourse de Commerce, dès l’entrée jusqu’au 2e niveau. On y découvre les œuvres d’une vingtaine d’artistes, qui explorent les questions liées au dérèglement climatique dans leurs œuvres.
Il y a un certain nombre d’œuvres graphiques, essentiellement des peintures abstraites aux formats très variés, il y a aussi deux projections vidéos, des installations et ce que l’on pourrait appeler des sculptures. Assez peu d’œuvres m’ont interpellées, mais j’en ai retenu deux. Tout d’abord, « L’écriture » de Benoîte Pieron, une œuvre que j’aurais tendance à qualifier de sculpture. Il s’agit d’un meuble ancien utilisé comme support de cultivation de plantes toxiques, telle une métaphore de la disparition de l’humanité où le vivant reprendrait ses droits. J’ai aussi bien aimé « Waterfall » de Robert Gober, un autre type de sculpture. Il s’agit d’une forme humaine habillée en costard nous faisait dos, dont le son d’un ruissellement d’eau s’échappe de la lucarne incrustée en son centre. Lorsqu’on s’en approche, on peut y voir des roches et de la végétation, baignées d’un léger cours d’eau. Ce pan de nature encore à l’état sauvage à l’intérieur d’un corps obéissant à la machine capitaliste, semble être les dernières réminiscences du libre arbitre de la figure. L’interprétation de ces œuvres relève de chacun, mais j’ai trouvé ces œuvres plutôt poétiques et intéressantes. Du reste, la suite du parcours ne m’a pas particulièrement touchée, sinon, m’a presque dégoûtée. Une des projections représente des insectes en tout genre ayant colonisé un lieu en friche, et les zooms sur leur agitation et leur consommation d’animaux morts, m’a particulièrement révulsée.
C’est assez paradoxal que la fondation Pinault propose des expos qui traitent de sujets environnementaux, sachant que François Pinault détient l’une des plus grandes fortunes de France et, sauf erreur de ma part, n’est pas reconnu comme militant écologiste ou comme mécène dans cette sphère.
Tarif plein : 14€ / Tarif réduit : 10€ / Fin de l’exposition le 11 septembre 2023. Nocturne le 1er samedi du mois et les vendredis jusqu’à 21h.
Bourse de commerce, 2 Rue de Viarmes, 75001 Paris.
« Degas en noir et blanc », BNF Richelieu, le 13 juin à 18h, fin à 18h40.
Les œuvres de cette expo sont réparties en quatre sections, reprenant chronologiquement les évolutions des expérimentations d’Edgar Degas. C’est 160 œuvres qui jalonnent le parcours, dont des estampes, des photographies, des peintures et même une sculpture. On y retrouve aussi des œuvres de contemporains de l’artiste, comme Camille Pissarro, Mary Cassatt, Eugène Delacroix, Marcellin Desboutin ou encore Guiseppe de Nittis, tous passionnés par les nombreuses possibilités offertes par la gravure et l’estampe.
Le format de l’expo et agréable, les salles thématiques présentent de beaux exemples de lithographies et de divers travaux de recherche. La visite ne dure pas trop longtemps même avec la lecture de tous les cartels. Cette question du temps de visite m’est chère, je constate de plus en plus d’expositions parfois très denses, pour lesquelles il faut dégager au minimum une heure et demie pour pleinement s’y consacrer. Du reste, j’ai vraiment adoré les carnets de dessins présentés en début de parcours, un format toujours très révélateur et intime d’un artiste. Ce qui me frappe toujours sont les similitudes entre le style des dessinateurs d’aujourd’hui, notamment dans le domaine de la BD, et les artistes d’autrefois. La salle suivante est dédiée à la pratique de l’estampe et les nombreuses autres méthodes pratiquées par Degas et ses contemporains. Les différentes étapes nécessaires à la réalisation d’une gravure sont explicitées, et des œuvres récemment acquises par la BNF se font support du propos. Une exposition sur Degas ne serait pas complète sans des séries de nus, qui laisse enfin place à la dernière partie de l’expo dédiée à la photographie. Ce médium, très apprécié par l’artiste, permet de mettre en scène ses proches ainsi que lui-même dans le cadre d’images très travaillées. Son intérêt ici est le même que pour ses gravures : expérimenter avec les effets de contraste de la photographie en noir et blanc.
Enfin, tel un cheveu sur la soupe, la fin du parcours présente une poignée d’œuvres de Picasso. Il se serait inspiré des nus de Degas, en faisant le choix de le représenter au milieu de femmes dénudées et archi-sexualisées. N’y avait-il vraiment pas d’autre artiste à présenter pour cette dernière section ? Cette année marque peut-être les cinquante ans de la mort de l’artiste espagnol, mais j’ai été assez déçue de le voir à la BNF.
Bref, je recommande malgré tout l’exposition qui peut très bien se faire en fin de journée, pour profiter de la nocturne le mardi, par exemple. De plus, les espaces Richelieu de la BNF sont fraîchement restaurés (septembre 2022) et les salles ainsi que les œuvres présentées sont somptueuses.
Tarif plein : 13€ / Tarif réduit : 10€ / Fin de l’exposition le 3 septembre 2023. Nocturne le mardi jusqu’à 20h.
BNF, site Richelieu, 5 Rue Vivienne, 75002 Paris.
« Pierre Dac, le parti d’en rire », Musée d’art et d’histoire du Judaïsme, le 14 juin à 18h, fin à 18h50.
Le musée d’art et d’histoire du Judaïsme présente la première exposition dédiée à Pierre Dac en France. Cet artiste de la langue et des mots a laissé derrière lui, à sa mort en 1975, une œuvre riche et pluridisciplinaire. À la fois chansonnier, homme de la radio, résistant et humoriste, la vie de Pierre Dac est mouvementée, comme en témoignent les quelques 250 documents d’archives (extraits de films, émissions télévisées et radiophoniques, etc.) rassemblés pour cette exposition.
Il s’agit d’une assez grande exposition : divisée en pas moins de 15 rubriques thématiques et chronologiques, elle explore les multiples facettes de l’homme qui a marqué la France pendant l’entre deux guerres et les Trente Glorieuses. Le médium d’action que privilégie l’artiste est le son, c’est pourquoi l’exposition propose l’écoute de nombreux documents audios grâce à une sorte d’audioguide fourni dès le début de l’exposition. Pour ceux qui, comme moi, n’ont habituellement pas le réflexe d’utiliser les audioguides, il se peut que cela génère un peu de frustration. Une grande partie des extraits audio durent plus de 5 minutes et pour certains, dépassent les 10 minutes, ce qui rallonge considérablement la durée de visite. Quoi qu’il en soit, on peut apprécier le talent de Pierre Dac dans son usage des mots et l’on mesure également son engagement contre le fascisme et ce, très tôt dans sa carrière. Il crée l’hebdomadaire l’Os à moelle et en devient son chef rédacteur, dans lequel il mène une critique assidue de la montée du fascisme en France : il écrira 80 éditoriaux et chansons contre le Général Pétain, par exemple. Lorsqu’il parvient à rejoindre Londres durant la Seconde Guerre mondiale (suite à de vraies péripéties à travers les Pyrénées et plusieurs arrestations), il pilote une émission intitulée Les Français parlent aux Français, qui connaîtra un grand succès. Objet de la censure sous le régime de Vichy, l’Os à Moelle reprend son activité qu’après la guerre en 1964, et vise alors la classe politique de la Ve République. Les dernières années de la vie de Pierre Dac sont teintes par la dépression ainsi que des tentatives de suicide, comme si les années d’humour et d’engagement eurent raison de lui. Pourtant, son influence sur l’humour français est considérable. Absurdité et jeux de mots se mêlent et créent des expressions ancrées dans le vocabulaire de tous, tel que son fameux « schmilblick », qui ne sert à rien et qui n’est rien, selon Pierre Dac.
C’est une exposition intéressante pour les amateurs de cette période ainsi que pour ceux qui ne connaissent pas Pierre Dac. Attention à la durée de la visite, prévoyez deux bonnes heures si vous souhaitez écouter l’ensemble des contenus audio ! Profitez de la nocturne du mercredi pour y aller, il n’y aura pas un chat.
Tarif plein : 10€ / Tarif réduit : 5€ / Fin de l’exposition le 27 août 2023. Nocturne le mercredi jusqu’à 21h.
MahJ, Hôtel de Saint-Aignan, 71 Rue du Temple, 75003 Paris.
« Naples à Paris, le Louvre invite le musée Capodimente », musée du Louvre, le 16 juin à 19h, fin à 20h30.
Le projet est ambitieux : exposer, en partenariat avec le musée napolitain Capodimente, une soixantaine d’œuvres au cœur de trois niveaux du musée du Louvre, dont la Grande Galerie de l’aile Denon. L’exposition offre un aperçu de la peinture italienne du 15e au 17e siècle, présentant les incontournables de ces époques : le Titien, Caravage ou Carrache. L’époque oblige, le thème de ces peintures est essentiellement mythologique et biblique, avec un certain nombre de portraits.
Pour être honnête, je n’avais pas de grande attente pour cette exposition, qui malgré la grande qualité des œuvres, tant à être mal perçue par les visiteurs. Plusieurs fois au cours de ma visite, j’ai pu entendre des personnes interrogeant désespérément les agents pour connaître la direction du prochain accrochage. Bien que l’essentiel de l’exposition soit dans des salles à part entière, la fragmentation du discours en trois espaces différents rend difficile la lecture et la compréhension du propos. C’est regrettable, car l’idée n’est pas mauvaise : l’on peut découvrir parallèlement les œuvres de la collection permanente et celles de l’exposition temporaire. Pourtant, je ne pourrais pas sincèrement vous dire avoir retenu grand-chose de l’accrochage, tant les conditions de visite ont été mauvaises. Ce que je retiendrais de cette visite sont peut-être les très beaux travaux de Raphaël que j’ai pu découvrir, mais du reste, le souvenir de cette exposition est teinté par le flux important de visiteurs, la difficulté de naviguer dans les espaces (y aller en nocturne, fausse bonne idée !) et le morcellement du discours. Enfin, il y a beaucoup de textes qui explicitent les méthodes de dessin et de la peinture, mais cela devient vite long à lire et une vidéo qui présente l’ensemble des techniques aurait été plus appropriée.
Ce constat n’est pas très positif mais si jamais le propos vous intéresse, je vous conseille d’y aller plutôt en semaine. Une partie de l’accrochage se termine le 25 septembre, le reste se termine le 8 janvier 2024.
Tarif plein : 17€ Nocturne le vendredi jusqu’à 21h45.
Musée du Louvre, 99, rue de Rivoli, 75001.
C’est la fin de ce billet et même si l’été approche, ce n’est pas encore le temps des vacances. Il me reste encore beaucoup d’expositions à faire avant le mois d’août et qui j’espère, vous intéresseront :)
A bientôt ! 👋🏻
Très cool ce compte rendu, ta plume et tes observations s'affutent ✌🏻️